Tarte à la crème : l’hérésie des intérêts composés

On nous vend les intérêts composés comme de la magie. Oui, de la magie…. qui marche surtout dans les livres, pas dans la vraie vie.
On cite même Einstein : « Les intérêts composés sont la force la plus puissante de l’univers. »
S’il a vraiment dit ça, j’espère qu’il n’a jamais touché un livret A.

La magie surestimée

10 000 € placés ?
— À 1,7 % : le gain s’élève à 897 € en 5 ans.
— À 5 % :  2 763 € Waouh !

On a connu des feux d’artifice plus impressionnants.

Ah oui, la fameuse « boule de neige ».
Elle devient avalanche seulement avec :

  1. un gros capital,
  2. un taux élevé,
  3. 30 ans devant soi,
  4. et la capacité zen d’oublier l’argent pendant trois décennies.
    Bref : qui est concerné ? personne !

L’inflation : le spoiler officiel

Pendant que la boule de neige roule, l’inflation la fait fondre.
La BCE vise 2 %.
Le livret A : 1,7 % (2025)
Qui gagne ?

Même avec un placement à 4 % (SCPI), sur 10 000 € le gain s’élève à… 476 € de gain réel en 5 ans.
C’est bien pour un lave-linge.

La règle des 72 : le coup de massue final

Doubler son capital ? il faut être patient :
À 2 %, 36 ans.
À 2,5 %, 28 ans.
À ce rythme, l’argent doublera… en même temps que les cheveux chuteront.

Le vrai problème : rester assis

Les intérêts composés reposent sur l’idée géniale de ne rien faire.
Sauf que l’argent, c’est comme le fumier : entassé, ça pue ; répandu, ça fertilise.

On s’enrichit en bougeant, pas en méditant devant un tableau Excel.

Les alternatives (celles qui marchent)

  • Commerce : marges, valeur, action.
  • Bourse : pas la version « j’attends 20 ans que ça monte », mais la version active.
  • Immobilier : l’effet de levier, pas la baguette magique.

Quand la magie devient maléfique

Comment voir les intérêts fonctionner ?
un simple prêt immobilier.
100 000 € sur 20 ans à 3,35 % → 44 480 € d’intérêts.
Là oui, c’est puissant. Pour la banque.

Conclusion

Les intérêts composés ne sont pas magiques.

Einstein était un génie en physique… mais pas en finance.

Tarte à la crème : sortez de votre zone de confort

Sortez de votre zone de confort ! (Ou pas.)

Certaines phrases sont comme des tartes à la crème : la première est agréable, les suivantes écoeurent.
Et dans la catégorie des clichés rabâchés jusqu’à l’indigestion, voici la superstar :
« Sortez de votre zone de confort ! »

Devenue une injonction sacrée, presque religieuse, elle prétend transformer n’importe qui en guerrier performant.
Dépasse-toi. Surpasse-toi. Fonce. Bouscule-toi.
Traduction : fais-toi violence.
Charmant.

Mais au juste, faut-il vraiment sortir de sa zone de confort ?

Le hors-piste n’est pas toujours un progrès

Sortir de sa zone de confort, c’est quitter ce qu’on maîtrise pour s’aventurer dans l’incertain, l’inconnu, parfois le dangereux.
On vous promet succès et dépassement de soi, mais on oublie le détail :
risquer gros peut surtout vous envoyer dans le décor.

Par définition, sortir de sa zone de confort signifie : faire ce qu’on ne maîtrise pas.
Et faire ce qu’on ne maîtrise pas conduit logiquement à l’échec, au découragement… puis à la culpabilité.
Le combo gagnant.

Trois exemples rapides :

  • Gilles roule tranquillement sur la route, bifurque sur un chemin plein de cailloux, de trous… Résultat probable : crevaison, chute, jurons.
  • Xavier, tennisman aguerri, change son geste de service en plein match. Vous pariez qu’il marque le point ?
  • Marie cuisine sa spécialité à la perfection, mais décide de tester une recette inconnue pour un dîner important. Tenté ? Risqué ? Oui.

Le confort n’est pas un ennemi, c’est un trésor

Rester dans sa zone de confort, c’est être au calme, en paix, en harmonie.
C’est retrouver son instinct, son intuition, sa justesse intérieure.
C’est être soi — pleinement.

Et surtout :
votre zone de confort, vous ne l’avez pas trouvée dans une pochette surprise.
Vous l’avez construite.
Elle est l’aboutissement de vos années d’efforts, de répétitions, d’apprentissage.

Abandonner ce terrain solide au nom d’une mode ?
Absurde.

C’est en restant dans votre zone de confort que vous êtes bon, juste, efficace.
C’est votre socle, votre point d’ancrage.
On ne marque pas un but en déséquilibre.
Et un penalty, ça se tire… ballon à l’arrêt.

La vraie zone d’action, c’est celle que vous maîtrisez

Rester dans sa zone de confort ne signifie pas ne rien faire.
Au contraire : c’est agir depuis un terrain sûr, stable, aligné.
C’est progresser sans se mettre en danger inutilement.
Comme les banques et les assurances, qui bâtissent leur fortune sur une idée simple :
maîtriser les risques, pas les provoquer.

Alors pourquoi vouloir absolument se mettre en difficulté ?
Pour faire plaisir à la pensée unique ?
Pour se faire peur ?

S’il faut sortir de quelque chose, ce n’est pas de votre confort.
C’est de l’injonction collective à l’inconfort permanent.

Conclusion : votre zone de confort est une force, pas une prison !

Avant de vous brutaliser avec un « challenge », posez-vous :

  • Êtes-vous confortable ?
  • Est-ce vraiment un problème ?
  • Votre paix intérieure nuit-elle à votre évolution… ou au contraire la nourrit-elle ?

Je vous souhaite une introspection douce, lucide, salutaire.
Et de vous restez — ou revenir — là où vous êtes le meilleur :
dans votre zone de confort, votre vraie zone de puissance.

Avec bienveillance.

Tarte à la crème : la loi de PARETO

La loi de Pareto : arrêtons la tarte à la crème

On nous les sert Certaines idées tellement souvent qu’on finit écoeurés.
Et dans le buffet à volonté des clichés, la loi de Pareto — le fameux « 20 % des causes produisent 80 % des effets » — occupe une place de choix.

On la brandit comme une vérité absolue, une loi d’airain à laquelle il faudrait croire les yeux fermés.
Sauf que… non.

Avec tout le respect dû à Vilfredo Pareto, je vais vous montrer que sa loi, qu’on nous présente comme universelle, ne l’est pas. Mais alors pas du tout !

La loi préférée de ceux qui n’aiment pas réfléchir

Soyons honnêtes : si le 20/80 plaît autant, c’est parce que ça claque !
Deux chiffres simples, faciles à retenir, parfaits pour faire croire qu’on maîtrise un sujet.
Résultat : on colle le « 20/80 » partout, même là où ça ne veut absolument rien dire.

Quelques exemples pour remettre les pendules à l’heure :

  • Richesse mondiale : 10 % de la population détiennent 90 % des richesses.
  • France : 10 % contrôlent 60 % du patrimoine.
  • Mariages 2025 : 50 % finissent en divorce.
  • MacDo : vraiment, 20 % des clients feraient 80 % du CA alors que le panier moyen est de 16 € ? Sérieusement ?
  • Stations-service : 20 % des automobilistes siphonneraient 80 % des cuves ? Bien sûr…

Où est passé le sacro-saint 20/80 ?
Réponse : dans la trappe de la réalité, celle qu’on oublie quand on simplifie le monde pour se rassurer.

Une vraie loi universelle : la gravité

Vous lâchez un objet.
Il tombe.
Toujours.
Sûr à 100 % .
Merci Newton. Il a raison. Toujours !

20/80 Pareto. Il se trompe. Souvent !

D’autres lois existent… et elles contredisent Pareto

Prenez la loi du 1 % :

– sur Internet :

  • 90 % consomment passivement,
  • 9 % participent un peu,
  • 1 % créent réellement.

– Sur Wikipédia : 1 % fait 50 % du boulot, 2 % écrivent 72 % des articles.

On est très loin du 20/80, n’est-ce pas ?

Parlons aussi de l’effet papillon : de minuscules variations peuvent avoir d’énormes répercussions.
Un battement d’ailes ne crée pas une tornade au Texas, mais de petits facteurs peuvent provoquer de grands effets.
Pas besoin de 20 % pour faire 80 %.
Parfois, 0,1 % suffit.

Bref : le monde est complexe. Les répartitions varient. Les pourcentages aussi.

Conclusion : arrêtons les lois passe-partout

La loi de Pareto a un mérite : rappeler que tout n’est pas réparti uniformément.
Mais elle n’est pas universelle.
Et surtout, elle n’explique pas tout.

Avant de l’utiliser à toutes les sauces, on ferait mieux de réfléchir un peu — ou beaucoup.
Et de se rappeler qu’en intelligence collective, les idées brillantes ne viennent pas forcément de « 20 % du groupe ».
Parfois, elles surgissent de là où on les attend le moins.

Alors, convaincu que la loi de Pareto n’a rien d’un passe-partout mathématique ?

Et accrochez-vous : on n’a pas encore parlé des lois de Murphy, Parkinson, Douglas…
Là, ça va devenir vraiment amusant !