Tarte à la crème : l’hérésie des intérêts composés

Une tarte à la crème, ça peut faire envie, mais à la 3ème ou 4ème portion, c’est l’indigestion assurée !

Il en va de même pour certaines phrases trop souvent entendues, jusqu’à l’écoeurement, c’est le cas de la « magie » ou plutôt de l’hérésie des intérêts composés.

Un capital est placé à intérêts composés lorsque les intérêts de chaque période sont incorporés au capital pour l’augmenter progressivement et ainsi générer des intérêts supplémentaires. C’est une notion antagoniste à celle d’intérêts simples, où les intérêts ne sont pas réinvestis.

Einstein aurait dit “Les intérêts composés sont la plus grande force dans tout l’univers.” Je ne lui souhaite pas d’avoir émis une telle affirmation, car je vais démonter qu’elle est fausse.

Les intérêts composés seraient la méthode incontournable pour s’enrichir. Nous verrons que cela ne résiste pas à l’analyse.

Pour calculer les intérêts composés, on applique la formule suivante : C x (1+i)n = Cn

C correspond au montant du capital initial, i est le taux d’intérêt, et la « puissance n » le nombre d’années que dure le placement. Enfin, Cn est la somme obtenue.

Si l’on prend l’exemple de 10 000 € déposés sur le livret A, au taux de 0.75% et des intérêts composés sur 5 ans, cela donne :

10 000 x (1+0,0075)5 = 10 380,67 soit 380,67 € d’intérêts reçus sur 5 ans.

Si l’on prend un placement au taux de 5% cela donne :

10 000 x(1 +0,05) = 12762,81 soit 2762,81 € d’intérêts reçus sur 5 ans.

La puissance des intérêts cumulés, c’est l’effet boule de neige, vous dit-on.

Oui, l’effet boule-de-neige est particulièrement puissant sur plusieurs années, avec un gros capital. 100 000 € placés sur un livret, à 0,75%/an par exemple, pendant 30 ans, ne génère que 25 000 € de gain. La même somme placée à 7,5% génère 750 000 € de gains, soit 30 fois plus alors que le taux n’est que 10 fois supérieur. La différence entre deux taux de rendement est multipliée par le temps.

Oui, mais il faut attendre 30 ans !

Si on vous parle des intérêts composés comme d’un effet boule-de-neige, répondez que vous ne risquez pas l’avalanche ! Car vous aurez le temps de la voir venir…..

La valeur temps appliquée à l’argent est un des principes fondamentaux de la finance, en effet, un euro aujourd’hui ne vaut pas un euro demain. Un euro aujourd’hui peut être placé à un certain taux d’intérêt, et il deviendra donc plus qu’un euro demain.

Si cet euro est placé à intérêt simple, il accumulera le même intérêt à chaque période.

Si cet euro est placé à intérêt composé, les intérêts vont eux-mêmes générer des intérêts futurs. C’est le principe de la capitalisation.

Mais il faut tenir compte de l’effet de l’inflation, qui fait continuellement diminuer la valeur de l’argent. La Banque centrale européenne considère que la stabilité des prix est atteinte lorsque le taux d’inflation sur le moyen terme n’excède pas 2 % ; alors que le livret A vous promet 0,75% .

Cherchez l’erreur !

L’inflation déprécie votre argent et elle fonctionne comme les intérêts composés !

De la même manière qu’un euro aujourd’hui vaut plus qu’un euro demain, un euro perçu dans un an aura une valeur actuelle inférieure. L’actualisation (exprimer des euros futurs en euros actuels) est l’inverse de la capitalisation (exprimer des euros actuels en euros futurs).

Donc l’approche globale des intérêts composés doit prendre en compte à la fois la capitalisation et la dépréciation, le gain réel étant le différentiel des deux, qu’il faudra, de plus, diminuer du poids de la fiscalité.

Reprenons nos calculs avec les placements les plus populaires, valeur en 2019 :

livret A 0,75 % 

assurance-vie en moyenne 1,8 %

SCPI en moyenne 4 %

Retenons le meilleur de ces placements c’est-à-dire SCPI à 4 % ; pour un placement initial de 10000 € les intérêts composés amènent une capitalisation de 12166 € à N+5

c’est-à-dire un gain avant impôt de 2166 € impacté par la flat-tax à 30 % , le gain net sera de 1516 €. L’inflation étant en moyenne de 2 % , un objet d’une valeur de 10000 € l’année N, aura un prix de 11041 € à N+5, donc votre pouvoir d’achat grâce ou plutôt malgré les intérêts composés sera ramené à 1516 – 1041 = 475 € 

 Un gain de 475 € pour 10 000 € placés sur 5 ans, merci les intérêts composés ! 

Bien sûr, vous pouvez gonfler votre résultat en augmentant le taux, mais vous sortez de la réalité. Alors, plus concrètement, vous préférez sans doute savoir dans combien d’années vous doublerez votre capital assortis d’intérêts composés ; c’est simple : il suffit de diviser 72 par le taux de rendement annuel du placement.

Exemple, si votre capital est :

-placé à 2 %, divisez 72 par 2 : le capital double en 36 ans.

-placé à 3 %, divisez 72 par 3 : le capital double en 24 ans.

-placé à 6 %, divisez 72 par 6 : le capital double en 12 ans

Réciproquement, vous voulez savoir combien d’années sont nécessaires pour doubler votre capital, réponse : il faut 96 ans avec Livret A et 40 ans avec une assurance vie au taux de 1,8%

Ca fait long, non ?

Les intérêts composés sont magiques si vous réunissez trois conditions : un fort capital initial, un taux élevé et une durée longue. Dans la vraie vie, dans la vôtre, ces trois conditions sont-elles réunies ? Non, n’est-ce pas. Le seront-elles un jour ? J’en doute.

Les limites des intérêts composés sont simples à comprendre : la formule mathématique ne tient pas compte :

– de l’inflation ; de combien sera amputé dotre capital ?

– du risque, un placement à 8% est plus risqué qu’un placement à 1%

– de la constance des rendements futurs, qui n’est pas prévisible ; maintenir un taux élévé sur une longue durée relève du fantasme.

– de la fiscalité qui évolue au gré des lois de finances et vous savez dans quel sens……

Certes, les intérêts composés accélèrent l’accroissement du capital, mais à la condition impérative de laisser fructifier l’épargne placée sans en toucher les revenus, jamais, jusqu’à la fin. Sur 20 ans, êtes-vous sûr de ne pas avoir besoin de votre épargne, ne serait-ce que pour payer les frais de notaire de votre achat immobilier.

Heureusement, pour vous enrichir, il y a d’autres méthodes.

Car au fond, le problème des intérêts, composés ou pas, c’est la passivité. Pour s’enrichir, il faut être actif, il faut produire de la valeur.

Rester assis, même sur un lingot d’or, ne vous amènera pas loin. Ne dit-on pas qu’un imbécile qui marche, va plus loin qu’un philosophe assis ?

On ne s’enrichit pas en stockant de l’argent, car l’argent est fait pour circuler ; l’argent c’est comme le fumier lorsqu’il est entassé ça pue, lorsqu’il y est répandu ça fertilise .

Alors comment s’enrichir ?

– en faisant du commerce.

C’est-à-dire en dégageant une marge à chaque transaction et en jouant sur le différentiel prix de gros / de détail ; ou en étant entrepreneur ; ou en étant un investisseur avisé. 🙂 

– en s’intéressant à la Bourse.

Comment ? Grâce à la rente via les intérêts composés ou aux flux via l’activité ?

La stratégie classique repose sur une sorte de rente. L’investisseur investit dans des actions de rendement ou de valeur. Et il attend. Bien sûr, il réinvestit les gains. Mais il attend, pendant des années et n’étant pas infaillible, il perd ! Et même s’il gagne sur certains placements, le bilan n’est pas toujours positif, car tout dépend de la durée; question : sur quelle durée un portefeuille prend-t-il forcément de la valeur ? Réponse : sur le long terme. Vous voilà bien avancé ! En matière de Bourse les intérêts composés ne sont pas la panacée.

– en investissant dans l’immobilier

dans ce domaine pas question de magie d’intérêts composés mais plutôt d’effet de levier du crédit, c’est un tout autre sujet…..

Alors quelle solution pour faire fructifier votre capital?

Ne comptez pas sur la rente d’un capital bloqué pendant des années. Mais plutôt sur la rotation du capital. Concrètement, il ne s’agit pas d’investir en bourse mais de trader, c’est-à-dire d’acheter et vendre des actions à la fréquence que vous avez choisi.

Oui mais, problème, il faudra utiliser votre temps, qui lui aussi a de la valeur.

Par ailleurs la « magie » des intérêts composés peut se retourner contre vous, et vous jouer des tours inattendus. Dans le cadre de votre prêt immobilier, vous savez déjà que le montant remboursé peut atteindre près du quart de la somme contractée au départ. Par exemple un emprunt de 100ke sur 20 ans au taux de 1,40% demande 21 920 euros en intérêts soit presque 22%

Cette situation peut être aggravée avec l’option de différé des échéances. En effet, plus vous les reportez, plus les intérêts composés se font sentir. Ainsi, commencer à rembourser le crédit à partir de la deuxième ou troisième année n’est pas neutre, dans l’exemple cité un différé total de trois ans coûte près de 5ke, soit 5% du capital emprunté.

Il faut donc arbitrer entre le coût généré par le différé et l’avantage de faire reculer la première échéance de remboursement, l’avantage étant la constitution d’une trésorerie par les loyers encaissés, mais à quel prix !

Dorénavant, ne parlons plus de la magie, mais de l’hérésie des intérêts composés.

Einstein aurait dit que les intérêts composés sont la force la plus puissante de l’univers,

De deux choses l’une : soit la rumeur lui a prêté des propos qu’il n’a pas tenu et son image reste intacte, soit il faut en déduire qu’il était un physicien génial mais un piètre financier.

Tarte à la crème : sortez de votre zone de confort !

Une tarte à la crème, ça peut faire envie, mais à la 3ème ou 4ème portion, c’est l’indigestion assurée !

Il en va de même pour certaines phrases trop souvent entendues.

Exemple : « sortez de votre zone de confort » . Nous avons entendu cette affirmation jusqu’à l’indigestion, jusqu’à l’écoeurement.

Et ce conseil, mis à toutes les sauces, prend la tournure d’une injonction, comme s’il s’agissait d’une vérité absolue !

Le concept de sortir de sa zone de confort consiste en un challenge, un défi, une incitation, à se dépasser, à se surpasser, à devenir battant, un gagnant et dans cette logique de combat, à se faire violence. 

Au risque de se perdre, au risque de se faire mal.

Alors, faut-il vraiment sortir de sa zone de confort ? 

Au-delà de sa zone de confort c’est se confronter à l’incertitude, à l’inconnu, au danger. La promesse de la réussite, du succès sert d’appât pour nous inciter à quitter notre quiétude. Mais la prise de risques peut conduire au désastre.

Par définition, sortir de sa zone de confort conduit à faire ce que l’on a pas l’habitude de faire, donc faire ce que l’on ne maîtrise pas. Le résultat est souvent, en toute logique, le découragement et l’échec.

Voici 3 exemples

– Gilles fait du vélo sur une route goudronnée, soudain il décide de modifier son trajet habituel et il bifurque sur un chemin de terre avec toutes les aspérités, les trous et les cailloux qui se présentent devant lui. La crevaison, voire la chute est quasi-certaine ! 

– Xavier joue au tennis, il maîtrise parfaitement le service parce qu’il s’est longuement entraîné à ce geste technique, devenu automatique et confortable. Lors d’un match, il décide, sur un coup de tête, de tenter le service avec un autre geste. Pensez-vous qu’il va marquer le point ? 

– Marie maîtrise parfaitement la préparation d’un plat, c’est sa spécialité; mais lors d’une invitation d’amis à dîner, elle tente un autre plat. Plutôt risqué, non ? 

Le confort est un élément très recherché dans la vie, n’est-ce pas?

Car, quand on reste dans sa zone de confort :

– le calme, la paix, la quiétude sont au rendez-vous, l’harmonie règne en soi et rayonne, irradiant tout autour de soi.

– l’intériorité reprend le dessus, votre instinct et votre intuition reprennent leur juste place.

Rester dans son confort c’est s’offrir un tête à tête avec soi-même alors que la société pousse à un inconfort dont l’utilité est douteuse. 

La zone de confort ne tombe jamais du ciel, vous l’avez acquise, vous l’avez construite, c’est l’aboutissement de votre travail, de vos efforts.

Restez dans votre zone de confort, dans votre savoir-faire, dans votre savoir-être; c’est là que vous êtes le meilleur ! Appuyez-vous sur votre zone de confort, sur cet équilibre qu’elle vous assure pour évoluer. On ne marque pas un but en déséquilibre, et lors d’un penalty, le ballon est à l’arrêt, non ?

Zone de confort ne signifie pas la zone d’inaction ; c’est au contraire un socle, une base sur laquelle s’appuyer pour agir et progresser en toute sécurité.

Alors pourquoi vouloir à tout prix sortir de cette zone ? Pour affronter des dangers, pour prendre des risques ? 

Les banques et les assurances, entreprises incontestablement lucratives, ont en cœur de métier la maîtrise des risques et cela leur réussit plutôt bien, non ?

Nous sommes conditionnés à être réceptif à la pensée dominante et docile face aux injonctions sociales, voilà l’occasion d’en sortir!

Je souhaite que ce message induise une introspection salutaire et aboutisse aux changements nécessaires pour vous apporter le meilleur.

Avec toute ma bienveillance.

Tarte à la crème : la loi de PARETO

La loi de PARETO

Une tarte à la crème, ça peut faire envie, mais à la 3ème ou 4ème portion, c’est l’indigestion assurée !

Il en va de même pour certaines phrases trop souvent entendues.

Exemple : la fameuse loi de Pareto stipule que 20% des causes produit 80 % des effets. Si cette loi se vérifie dans certains domaines, comme le contrôle qualité, est-elle aussi universelle qu’on nous le dit et le répète à longueur d’articles ?

A lire la quasi-totalité des auteurs, Il faudrait y croire comme à une loi d’airain, à cette loi implacable à laquelle nul ne saurait échapper.

Pour notre culture générale rappelons que l’airain désigne un alliage de cuivre (parfois confondu avec le bronze) particulièrement dur.

Avec tout le respect dû à Vilfredo PARETO, économiste italien du 19ème siècle, je vais démonter sans peine que la loi qui porte son nom n’est pas universelle, loin de là !

Elle est mise en exergue par ceux qui préfèrent les raccourcis de pensée à la longueur de l’analyse. En mettant à tout bout de champs l’expression «20/80» ou «80/20», nombres qui sonnent bien, certes, les pseudo-intellectuels de tout poil n’affirment que l’inanité de leur réflexion.

Quelques exemples suffisent à démonter mon propos :

Au niveau mondial 10% de la population détient 90% des richesses, en France 10% de la population détient 60% des richesses nationales.

En France sur les 235 000 mariages de 2018, 50% aboutiront à des divorces.

Au delà des chiffres officiels, un peu de bon sens , pensez-vous que :

– au Mac Do du coin, 20% des consommateurs génèrent 80% du chiffres d’affaires, alors que le panier moyen se situe autour de 10 euros.

– à la station service la plus proche, 20% des automobilistes utilisent 80% des cuves.

Et pour coller à l’actualité, pensez-vous que sur 80% des porteurs du coronavirus, 20% vont décéder ; le chiffre réel étant de l’ordre de 2%

Où sont passés les chiffres fétiches 20% / 80%  ? A la trappe de la réalité des chiffres de la vie réelle.

Pourtant, la loi de Pareto souligne un élément important : la majorité des choses dans la vie ne sont pas réparties uniformément. Mais les chiffres annoncés : le fameux rapport 20/80 n’est pas plus souvent vérifié que tout autre.

Il ne s’agit donc pas d’une loi, qui, je vous le rappelle, est par définition générale.

Sur terre si vous lâchez un objet, il tombe, à chaque essai, invariablement, il retombe, conformément à la loi de la gravité, il ne reste jamais en l’air, pas même 2 fois sur 10 ! Newton oui, Pareto, non !

Connaissez-vous la loi de 1% ?

Dans la cyberculture, cette loi reflète le fait que la participation active des membres d’une communauté en ligne est extrêmement faible. Sur Internet, 90 % sont des consommateurs passifs, 9 % participent occasionnellement et moins de 1 % contribuent de façon active.

Sur Wikipédia : 50 % de toutes les contributions sont effectuées par 1 % des contributeurs et 72 % des articles sont écrits par 2 % des contributeurs.

Dans l’édition, 90 % des revenus des entreprises de médias sont générés par 10 % des titres.

Connaissez-vous l’effet papillon ?

C’est une métaphore concernant le phénomène fondamental de sensibilité aux conditions initiales de la théorie du chaos. L’effet papillon traduit le fait qu’une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets très importants.

La question est : le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?             Réponse : non.

Mais de petits facteurs peuvent avoir d’immenses effets.

Ainsi il n’est nullement besoin d’avoir 20% de causes pour engendrer 80% d’effets.

Ainsi d’autres lois, règles, effets, avec des pourcentages totalement différents sont tout autant probants que la loi de PARETO.

Conclusion : avant de prendre pour argent comptant une « loi », notamment celle de PARETO, souvent rabâchée mais nullement observée dans tous les domaines, il convient de réfléchir, par soi-même ou en groupe : l’intelligence collective fait des miracles, cependant il n’est pas certain que 20% des participants à un mastermind génèrent 80% des idées 🙂

Etes-vous convaincu que la loi de PARETO ne doit pas être mise à toute les sauces, ni dans toutes les tartes à la crème ?

Et ce n’est pas fini, il reste à nous intéresser à la loi de Murphy, de Parkinson, de Douglas…..…

Ça promet !